Gravée dans la pierre du temple du Feu, près du palais impérial de Baghdad, en la trente-troisième année du règne du Shahanshah Ya’qub le Valeureux de l’empire Saffaride (c. 1016 ap. JC).

Ohrmazd, écoute ma prière !

Je suis Ya’qub, fils de Mahmud. Tu connais les noms de mes ancêtres ! Ya’qub le Marteau, fils de Layth, qui fit face aux mécréants pour rallumer Ta flamme sacrée en Isfahan, lumière du monde et centre du savoir. Son fils, Hassan, la Flamme de la Perse, qui permit la renaissance de notre empire ! Son fils Silakarite, mon grand-oncle, fit connaître sa légende d’une mer à l’autre, et Tu le récompensas en lui donnant gloire en bataille et protection contre Ta’Un, la Mort Noire, dont on dit qu’il fut affligé avant d’être guéri par Ton intervention. 

Ohrmazd, seigneur de sagesse, nous fîmes tout notre possible pour T’honorer. Frères et soeurs unirent la lignée pour célébrer ta volonté sacrée. Face aux terribles barbares venus du Nord, notre Saoshyant assembla des armées comme le monde n’en avait jamais connues. Des dizaines de milliers de héros se sacrifièrent dans des guerres successives pour protéger Ton empire, et si les Seljuk finirent par établir leur royaume en Jazira et affirmer respecter Ton culte, ils ignoraient encore Ta volonté. 

Lorsque leur prétendu roi, Asep, fils d’Ayepa, fils d’Asep, dans son arrogance, prit par la force notre princesse et future banebshenan Donya après le siège de Baghdad pour en faire sa concubine, Tu sus les punir avec fureur, les frappant d’une consomption qui démontra à quel point leur règne n’était que murmure face à notre légende. J’incarnai ensuite Ta vengeance en les soumettant, libérant ma soeur et promise, Te sacrifiant leur prétendu roi et son héritier, prenant à mon tour sa fille comme concubine, et subjugant le reste de leur lignée dans les terres de l’ouest.

Ô Ohrmazd, le califat islamique comme les barbares n’ont plus pied en Perse. Donne-moi la force de porter Ta voix, et je promets que le monde entier, d’une mer à l’autre, de vallées en montagnes, de plaines en déserts, saura qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ton nom sera célébré dans les chants de tes disciples et murmuré avec effroi par les infidèles. En Ton nom, je vengerai même Darius et Xerxes en écrasant les enfants d’Athènes et de Sparte, au-delà du Pont.

Ma soeur-épouse est aujourd’hui près de Toi, et nombre de nos enfants l’ont suivie. S’il Te plaît que j’échoue dans cette quête, fasse que Tes corbeaux lavent mon corps du péché pour lequel ils ont été punis. Notre dernier fils, sa soeur-promise, et leur descendance poursuivront sans cesse Ta gloire, luttant contre Angra Mainyu jusqu’à devenir dignes du destin que Tu as promis à la lignée des Saffarides.


Illustration de couverture: CC BY-SA Ziegler175 (recadrée)
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:AhuraMazda-Relief.jpg